Parmi ces royaumes, il y en avait un qui était gouvernés par une assemblée de gens très importants et très pompeux, qu'on appelait là-bas et partout ailleurs des magistrats, et qui était secondés par des magiciens, que l'on appelait suffixes magistraux.
Ces magistrats aimait les fêtes et les habits fort couteux, les dîners riches en boissons et la luxure. Malheureusement, aucun ne dérogeait à cette règle.
Tout les génies du mal ont un jour rêvé de devenir magistrat. Non pas que ce soit une position digne d'un roi, mais tous les magistrats avait une fonction qui l'autorisait à exercer en toute légalité le mal sur autrui.
Il y avait le magistrat des affaires étrangères, un homme horrible et orgueilleux, qui avait pour suffixe une jeune femme, fort belle mais insupportable, du nom d'Agalpine Desfrey.
Il y avait le magistrat qui s'occupait de la régulation de la population, qui avait pour suffixe le niais Amila Do, qui devait mourir dans d'effroyable circonstances.
Il y avait le magistrat des affaires magiques, ou Magicus-magistris – mais jamais personne ne se risquait à prononcer son titre en entier, de crainte de l'écorcher – un homme niais et paranoïque, se qui en soit est un exploit indescriptible. Il avait pour suffixe Misera, qui porta son nom fort bien, car, le magistrat refusant de la loger en sa magistrature, elle dû se contenter des ruelles sombres de la capitale.
Et le dernier – ou plutôt dernière -, s'appelait Godolphina. Elle était le magistrat des affaires internes, et portait fort mal son titre, car elle ne pouvait se retenir de s'occuper des affaires des autres. Elle avait un suffixe assez mystérieux, au point qu'on se demanda si elle en avait vraiment un.
Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que Merrin Meredith ait déjà entendu parler de cette contrée lointaine, et ait été attirée par elle de nombreuses fois. Il songeait encore à ce qu'il ferait s'il était suffixe magistral, les pieds posés sur le comptoir, un paquet de serpents aux réglisses posés sur son ventre et les pieds de son tabouret dans un équilibre précaire, lorsque la porte s'ouvrit dans un un dling-dlong qui lui était devenu familier.
Tout d'abord, il crut que Mamie Frangipane avait glissé quelque poudres hallucinatoires dans ses serpents : devant lui se tenait une dame enveloppé dans une cape rouge et noire, exactement identique à celle que portait son ancien maître Domdaniel. Ses longs cheveux noirs pendaient tristement autour de son visage fatigué. Ses yeux verts étincellaient de douleur. Tout en elle inspirait compassion et pitié.
Sur le coup de l'émotion, le tabouret de Merrin glissa et tomba au sol, son propriétaire avec, dans un bruit sourd. La dame avança d'un pas trainant vers le comptoir et attendit sans aucun état d'âme que Merrin se relève.
Ouille, grommela t'il.
C'est toi qui tiens la boutique ? lança séchement la dame.
Mouais … grinça Merrin, en massant son derrière douloureux.
Va chercher ton supérieur.
Merrin se demanda un instant si cette odieuse femme n'était pas l'exacte copie féminine de Domdaniel. Cette pensée le fit sourire, mais il ne bougea pas d'un pouce.
Dépèche-toi !
Oh, c'est bon, j'y vais, marmonna Merrin.
Il alla en trainant les pieds jusqu'au bureau où se tenait Jillie Djinn, une feuille de calculs à la main et un crayon dans l'autre, et lui annonça la visiteuse, en inssistant bien que ça n'avait aucune importance mais qu'elle insistait tellement qu'il avait fini par céder.
Une dame toute en noir avec l'air triste et fatigué, dis-tu ? Oh, mais ce doit-être Godolphina ! Dis-lui de venir.
Le nom de Godolphina rappelait quelque chose à Merrin, mais il était incapable de se souvenir quoi. Il retourna, la mine songeuse, mena la visiteuse jusqu'à la première scribe hermétique et fit mine de s'esquiver discrétement, lorsqu'elles furent face à face, de façon à saisir leur conversation.
Avait vous préparé le Traité de Magistrature ? commença Godolphina.
Oui, répondit Jillie Djinn. Le voici.
Même en se tortillant, Merrin ne parvenait pas à voir la couverture du manuscrit, mais il devina qu'il avait de l'importance. Dans son esprit se rassemblait des morceaux de souvenirs : il lui sembla que son maître lui avait parlé une fois des magistrats, et qu'il avait aussi dit qu'il avait été l'apprenti de l'un des suffixes – et Merrin se souvenait qu'il aurait beaucoup aimé lui-même être un suffixe – et il en conclu que cette personne, Godolphina, était quelquun de très important, ou d'hautement rattaché à la Magyk noire pour s'intéresser à quelque chose de la sorte.
Très bien. Mon suffixe devrait venir d'ici peu, le placé sous un sceau.
Merrin eut l'impression de recevoir un éclair sur le crâne. Il fallait absolument qu'il rencontre ce suffixe. Et le mieux serait qu'il devienne son apprenti. Mais il n'aurait pas le choix. Merrin deviendrai apprenti suffixe. Il en était sûr.
Pourtant, lorsque le suffixe en question se présenta, tous ces espoirs s'écroulèrent en un seul regard.
Le suffixe, autant qu'il pouvait en juger, était assez grand, et caché sous une grande cape en cuir qui sentait le renfermé et maculée de boue – même si Merinn soupçonna que se fut autre chose. Mais malgré cette sordide apparence, se ne fut pas cela qui le rebuta.
Ce fut la silhouette fine et élégante d'une jeune fille aux longs cheveux bruns rougeoyants et aux yeux bandés qui lui fit perdre tout espoir. Celle-ci se présenta comme étant Maefa Sweet, l'apprentie de Rogonar, suffixe magistral de sa divine splendeur le magistrat Godolphina.
Sais-tu où se trouve ta supérieure ? lui demanda t-elle de sa voix chantante.
Merrin savait parfaitement où Jillie se trouvait, mais il n'avait aucune envie de servir l'usurpatrice de la place à laquelle il aurait dû – voulu – être.
Non, rétorqua t-il en fronçant les sourcils.
Un râle guttural s'échappa de sous la capuche sombre du suffixe magistral. Maefa Sweet se tourna vers lui avec surprise et s'exclama :
Maître ? Êtes-vous sûr de ce que vous avancez ?
A nouveau, Rogonar émit un faible bruit pathétique, et Maefa Sweet se tourna vers Merrin avec une note de fausse colère dans la voix.
Mon maître dit que tu mens.
Quoi ?
Tu m'as très bien entendue. Il a même ajouté que tu as agit ainsi pour toi-même, ce qui est très mal.
Merrin soupira. Cette apprentie ne correspondait décidément pas à l'idée qu'il se faisait d'un être maléfique. Il se buta à garder un air renfrogné et fixa d'un regard noir la jeune fille.
Bon, puisque tu n'es pas décidé …
Elle plaqua brusquement sa main sur le front de Merrin. Il sentit un picotement lui traversait la tête, puis une intense chaleur lui fit gonfler les tympans. Il crut que ses tempes allaient exploser.
Elle retira sa main aussi brusquement qu'elle l'avait mise. La haine de Merrin envers Maefa s'était encore accrue.
Merci pour ses précieuses informations, lui dit-elle dans un grand sourire. Venez maître, je vais vous indiquer le chemin.
Maefa avait le coin des lèvres crispé. Visiblement, son petit tour de passe - passe lui avait coûté. Merrin sourit de cette maigre satisfaction. C'était bien fait pour elle, à cette insolente !
Maefa Sweet était triste. Malgré ses efforts, tout le monde la détestait. Seul son maître Rogonante l'appréciait à sa juste valeur.
Elle lui montra comme si elle l'avait toujours connu le chemin qui menait au bureau de Jillie Djinn. Sa lecture d'esprit, comme à chaque fois, avait été une totale réussite.
Et, contrairement à ce que Merrin pensa en voyant son visage crispé, ce n'était pas la douleur qui lui avait ainsi déformé le visage, mais le dépit. Elle voulait tout pris paraître gentille. Elle ne comprenait pas pourquoi le petit tenancier avait été aussi odieux avec elle.
Maefa frappa doucement à la porte et, voyant que personne ne lui répondait, elle la poussa délicatement. La porte s'ouvrit en grinçant, et la voix indignée de Jillie Djinn s'éleva dans la pièce.
Vous pourriez frapper, tout de même !
Ex … excusez-moi, mais … il semble que vous ne m'ayez pas entendue …
Voyant la silhouette encapuchonnée du suffixe magistral derrière l'apprentie, la première scribe hermétique se leva brusquement, se répandant en excuse.
Mais entrez, entrez donc ! Je … Veuillez excusez mon impolitesse, mademoiselle … euh ?
Maefa Sweet, apprentie suffixe magistrale.
Oh ! Et bien … Euh, voici le livre à sceller, monsieur le suffixe magistral.
Rognante répondit par un son lugubre. Il s'avança, prit le livre des mains de Jillie et examina la couverture avec attention, en émettant tour à tour des bruits de plus en plus graves et longs.
Mon maître signale que le sort qui devrai sceller ce livre et si long et si compliqué, qu'il craint ne pas en ressortir vivant. Aussi vous prie-t-il, en cas d'échec, de bien vouloir reprendre le sort à la rupture. Il assure que cela sera sans danger pour vous.
Mais …
Il veut absolument que cette tâche soit assignée à quelqu'un qui comprenne les livres.
Sur ces mots, Maefa s'éloigna, suivie de son pitoyable ''Maître'', qui tenait le livre entre ses mains, le tournant et le retournant, comme s'il espérait y voir quelque chose. Jillie Djinn commença alors à véritablement s'inquiéter. Et si le suffixe se trompait ? Et si, en cas d'échec de sa part, elle devrait y passer aussi ? Ce fut si dur pour elle qu'elle n'arriva pas à dormir de la nuit.
Rogonante et Maefa Sweet quittèrent le Manuscriptorium devant le regard noir de Merrin, qui aurait donné cher pour être à la place de cette odieuse apprentie.
Commentaires
Bon ba, moi je suis deçue qu'il y est aucun commentaires, parce que tu ecris trop bien ! Voili voilou un petit comm's pour te faire plaisir car je suis sure que t'y as travaillé dur !